Article par Patrick FRASELLE Le forsythia de mon jardin fleurit… Du pain ! Du vin ! Du Boursin ! Fameuse rime trilogique de type nourricier ainsi que réducteur utilisée par les publicitaires et, illustrant un bonheur parfait, de genre complètement régressif. Il faut y voir des éléments d'oralité perdue ainsi que des relents de sexualité cachée. A savoir : a) dans le symbole du pain, le lait prodigue de la mère qui a subi une mutation grâce à la farine ajoutée... b) dans le vin (de type autodestructeur et alcoolique) la mère liquide transférée négativement et, qui est le sentiment de rage induit par la frustration du manque : ainsi, c'est la pulsion de mort retournée contre soi-même... et par là, la recherche de l'état originel. c) dans le Boursin, substitut oral, le plus proche des mamelles de la mère physique (ainsi que de la compagne attitrée ou à conquérir). Non seulement par sa couleur blanchâtre et laiteuse mais aussi par sa phonétique quasi mimétique du bébé qui pétrit (bourre) le sein maternel... Le Paradis Perdu représentant le confort intra-utérin et, a posteriori, le moment où le bébé ne sait pas qu'il est lui (ne possédant pas d'image corporelle). Donc, ne fait pas de distinguo entre la mère-sein et lui-même. Le bébé vivant dans un grand sein inépuisable; dans un état à la fois de béatitude ainsi que de dépendance totale. Ces éléments du second degré sont utilisés pour nous faire avaler le pire et le meilleur. Dans cet exemple, l'expression gober un œuf est autant symbolique que matricielle dans la mesure où le système capitaliste, à l'aide de ses divers fidèles représentants tente de nous faire gober n'im-por-te-qu-oi. Le sens propre devenant le sens figuré et, le sens figuré se trouvant être, finalement, le moins propre. Berk. Est-ce l'inconscient des blablateurs de la publicité qui est si doué ? Peut-être, plus simplement la projection de leur propre manque de tétine frustrée ? C'est l'utilisation malicieuse par ces boni-menteurs , de nos manques à tous, pour nous fourrer dans la gueule le produit nourrissant adéquat ! Mais n'a-t-on pas dit un jour In Vino Veritas ? Ne serait-ce pas plus pertinent de dire In Merdo Merditas ? Je parle de celle que nos narines aseptisées n'osent plus remuer... pour y trouver, en fin de compte, un ferment pas si inutile que ça à utiliser... Selon l'échelle de Maslow *, l'Homme hiérarchise ses besoins avant d'accéder à ses désirs. Quel que soit le type de société, chacun a d'abord besoin de nourriture, de chaleur et d'un habitat. Simplement pour répondre aux paramètres élémentaires de la survie. Le reste est du luxe. La notion de vie (pleine) se situant sans aucun doute chronologiquement après, quand ces besoins assurés, permettent une créativité , une expansion , une originalité , une affirmation personnelle . Notre pain quotidien gagné par notre généreux travail « d'adulte » sur-nourri émousse notre sens critique. Notre pain avalé aurait-il un rôle cécitaire sur chacun de nous ? Le fait d'en avoir plein la gueule fait-il que l'on en a aussi plein la vue ? Mais là, je parle plutôt d'aveuglement gourmand et non pas d'une prise de conscience oculaire... (populaire). Faut-il avaler ? Avalons ! Oui ! N'importe quoi, n'importe où et n'importe comment tant que ce besoin primaire est satisfait... Les paysans (je pense à la beauté de l'homme du terroir) qui détiennent, à mon avis, un fameux savoir quant à la sagesse populaire diraient : "quand le bac est vide, les cochons grognent !" Mais ! Mais... Je n'entends pas toujours les cochons des rues grogner au loin dans le vent... J'entends quelquefois un 4 x 4 qui rugit dans mes oreilles fragiles autant qu'ensanglantées une musique de genre cromagnonesque : tchac tchac tchic iiiiiiuuu dougou dougou tagam tagam boum tougoum ga-ga-gaaa doug doug doug doug racaboum et décadence... C'est le cri de révolte de notre Tarzan des temps modernes. Sur la liane TotalFina ! Dans nos pays civilisés, il apparaît normal de manger. Tant pis pour les autres. En tous les cas, étant un habitant de La Vieille Europe, dixit un troufion shooté au Coca Cola, je confirme que je n'ai jamais eu faim. Depuis ma naissance, il me semble que je vis dans un pays civil-usé. J'ai souvent faim d'idéal et de beauté mais cela se trouve probablement logé dans une autre strate de la pensée collective autant qu'archaïque. Notre système social fort prend le relais en cas de problème de chômage ou d'indigence relative... Malgré ce repos forcé, qui pourrait mettre l'accès au pain en danger, l'homme de tous les jours rugit-il ? Ne rugit-il pas uniquement quand les besoins imposés (qui ont pris la place des besoins élémentaires et des vrais désirs) , viennent à manquer ? Et, les besoins élémentaires ne sont plus le manger , le boire , la chaleur et l'habitat. J'ai failli oublier l'amour. Mais c'est quoi ça ? Est-ce que ça rapporte de l'argent, l'amour ? Ce n'est pas forcément une nourriture de qualité qui le séduit. C'est plutôt : « Je mange, je surmange, j'ingurgite, je me remplis, je rote et je proute. Le trop je le jette. » Et, tant qu'il a la bouche pleine, il ferme sa gueule. Ce qui doit être, au demeurant, difficile à faire techniquement... Mais, chacun à la prouesse qu'il mérite ! Les politiques ont-ils pris des accords avec les publicitaires ? Variante de sois belle et tais-toi : mange et tais-toi ! Les publicitaires qui, pour moi, représentent une faction du totalitarisme (d'ailleurs dans totalitarisme, il y a tare et char isme) insidieux le savent bien. Chaque individu représente un portefeuille à vider. Ni plus ni moins. La qualité des besoins élémentaires est détournée par le marketing, la smala pour ne pas dire la mafia commerciale. Aujourd'hui, les besoins sont les objets dont on n'a pas besoin ! Poil au magasin. Le Tarzan des rues grogne-t-il ? --- Oui, quand les 156 chaînes de TV qui débitent les mêmes conneries tombent en panne. Remarquons toutefois que, sans sel ajouté, dans chaîne TiiiViiii il y a le mot chaîne d'en chaîner , hum, hum ! C'est peut-être la prison en couleurs, finalement. --- Ou, être la plus belle avec la crème de beauté Sgnurf, non testée sur les animaux mais en direct sur celle qui l'achète. --- Quel Gsm pourvu des sonneries les plus sirupeuses à faire vomir Mozart ? Celui qui envoie des photos à vingt balles ? Des mèmèmèsses. Pour quoi faire ? --- Quelle voiture (trop chère payée pour aller acheter le paquet de clopes au coin de la rue) va faire de moi un James Bond ? La place me manque pour pouvoir décrire ici les trois mille huit cents vingt-sept exemples qui me trottent en tête ! L'homme va-t-il récupérer sa puissance de créativité, castrée par une société où l'argent se trouve être la seule valeur importante ? Que fait l'homme de sa beauté imaginative ? Je pense à son sens critique, à son autonomie, à sa personnalité... Quand les publicitaires vont-ils arrêter de nous prendre pour des débiles ? Je sais qu'ils n'ont pas envie d'arrêter de nous mentir, de nous vendre des illusions, de nous enjôler avec des images de pu(t)b ? --- au sens de la pathologie narcissique, et non de l'incarnation vraie d'un être désirant --- de femmes que l'on ne sautera jamais ainsi que de la puissance de gomme cerise de Prisunic. Arrêtez, loup-publicitaire, à la babine baveuse tant que gingivitique de nous manipuler et surtout de nous voler notre liberté d'action . Vous agissez un travail de nivellement de la masse blessée. Pauvre financièrement, émotionnellement fragile, écorchée ainsi qu'humainement touchante. Et finalement, ne cherchant qu'un peu de réconfort ainsi que de chaleur. Vous incarnez les fachos (hypocrites) des temps modernes. Car la liberté d'action, la liberté de créativité de l'Homme est le besoin fondamental. Quand va-t-on cesser de voir des femmes à la télévision qui jouissent comme des taupes en rut en se plaquant quelques gouttes de shampooing (magique sans doute) sur la tête. Est-ce cela la femme phallico-hystérique : la friction de la tête, le substitut glandoïde bien massé donnant un orgasme ? Savoir quand même que la femme phallique est castrée dans la beauté ainsi que dans la puissance de son féminin. Et que l'hystérique est une névrosée séductrice narcissique qui est (trop) érotisée mais qui ne baise pas ou si peu. Illusion des images... véhiculées par le petit écran. C'est l'image de parade, du paillettisme, de la vacuité et non de la chair vivante qui vit de l'intérieur... Quand va-t-on arrêter de nous vendre du cul, de la bite et des nichons fermiers à chaque produit de l'on tente de nous caler au travers de la gueule ? Nous avons démasqué votre jeu en utilisant de manière un rien répétitive, pour ne pas dire autant lassante que fatiguante les arcanes d'Eros et de Thanatos : du cul et de la puissance (négative) avec vos substituts phalliques à la six-quatre-deux. Publicitaires, vous me faites pitié ! La nourriture, une des versions nobles de la vie est à ce point pervertie pour que l'on trouve dans le circuit de distribution de la viande pour enfants en forme de dinosaures ou bien du sucre emballés en berlingots Lucky Lucke ? Il y a une confusion, dans notre société du manger et du jouer ? Chez moi avec une bière d'homme (personnellement, j'ai mis mes valeurs masculines ailleurs) . La médecine, la recherche scientifique démontrent bien que la bière et le tabac rendent sexuellement impuissant. Mais une bière d'homme pour regarder le match de football ou bien Star Académy ? Rien de tel pour sentir le bonheur envahir notre petit coeur. Le match de football est devenu un des pires lieux de débauche humaine et, est encore un prétexte à la manipulation de masse. Quel bel argent perdu pour cette connerie qui n'est qu'un piètre lieu d'identification d'autant plus impersonnel qu'il est le représentant parfait d'une identification de la masse nivelée autant par sa frustration que par sa violence. « Ton phallus (ballon) a niqué mon goal (vagin) de mon petit moi fragile. Cette perte d'identification phallique au ballon est insupportable. Je me sens violé alors je vais te casser la gueule ». Quelle déraison ! Quel coût à la société, un match de football : forces de police, morts, personnes mutilées, blessés, bâtiments détruits, peurs, bruits, fureurs, saletés et rots vulgus... Lire aussi héros vulgus. Ce n'est plus un lieu cathartique où le jeu est socialisé, c'est le lieu de la folie à l'état pur. Un foutreballeur qui ne fout rien d'intéressant dans notre société peut gagner dix millions en deux heures. Alors que certains hommes de science ne disposent pas des fonds nécessaires pour poursuivre à bien la recherche victorieuse sur telle ou telle maladie ? Ce ne serait qu'un bel exemple de société positive parmi d'autres. Car il existe des gens qui fournissent un travail vraiment plus noble, plus concret ainsi que plus utile. Qui ne sont pas reconnus et qui sont franchement sous-payés eu égard à la profondeur de leur démarche. Pourquoi ces sportifs gagnent-ils tant d'argent pour des choses ad valorem et que les irakiens n'ont même plus un verre d'eau pour étancher la soif légitime... Où est l'époque où le sport (olympique) représentait l'évolution des performances physiques, athlétiques de l'homme dans une société à travers son histoire ? Sports qui étaient alors une partie noble de la compréhension du progrès humain tant au plan physique que biochimique ! Quant aux plus jeunes qui se nourrissent de Star Académy. Mais, je ne résiste pas à faire une association libre : Star Académy = Star Cacadémy = Star Pipidémy = Star Epidémie ! Ces plus jeunes sont manipulés dans leur beauté neuve ainsi que dans leur fragilité. Dans leur espoir, pour satisfaire l'ego audimatique de certaines sangsues glaireuses au narcissisme morbide. Il faut qu'ils sachent que l'Art, que la Musique ne se résume pas à un produit préformaté autant qu'à une gloire illusoire et orchestrée par ces insectes charismatiques vaniteux qui donnent des conseils musicaux à en mourir de rire. Tout cela n'est qu'audimat, illusion, fric, manipulation, mensonge, putasserie et hypocrisie. La musique à de multiples facettes. Elle est d'abord une communication intérieure avec soi. Et, il existe plusieurs approches pour vivre cet Art, évoluer à travers cet Art, partager cet Art. La Musique ne se résume pas à cette scène glorieuse de carton-pâte. Il y a peut-être de vrais talents, de vraies dispositions artistiques dans ces jeunes pleins d'illusions touchantes... On ne leur propose qu'une vision étroite ainsi que réductrice du cheminement musical. A un âge où l'affirmation du moi narcissique est la plus fragile, l'adolescent reconnu comme chanteur de talent, enrichi, célèbre , en s'exhibant sur une scène vit une des façons les plus fortes et les plus fragiles de demander (encore) de l'amour. Je terminerai (bien que je n'en aie pas envie) en concluant qu'on utilise ces derniers jours (mars 2003), la perversion voyeuriste du grand public. En effet, nous avons le « privilège » de pouvoir regarder, tous les jours, en direct, s'il vous plaît ! du matin au soir et du soir au matin, la série télé sûrement la plus chère de l'histoire de la télévision ainsi que du cinéma réunis. Le titre : « Pauvre Amérique, enfin bafouée, parce qu'au cours du temps, dans la plus grande partie du monde elle a défendu la Dictature, l'Esclavage et l'Exploitation humaine écrasant le Chili, le Vietnam, l'Iran, le Nicaragua et d'autres Républiques d'Amérique Latine. Pour destituer des leaders démocratiques pour les remplacer par des tyrans assassins et ce, pour s'accaparer de la richesse de leur propre terre. » ** Comme
l'a dit avec grande pertinence Monsieur Louis Michel : « Ce n'est
plus Star Académy, c'est War Académy... » La connerie se déplace,
les acteurs sont différents alors que la tristesse, la médiocrité ainsi
que la désolation sont les mêmes.
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"Mer, absence et pierre" dans la AARevue n°202-203.
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